Maupassant, La Dot, Résumé
La très courte nouvelle de Guy de Maupassant intitulée La dot commence au début d’un mariage, qui semblait d’ailleurs prévisible à tout le pays de Boutigny-le-Rebours. Celui-ci unit les deux protagonistes principaux de cette narration, un jeune notaire séduisant et charismatique, maître Simon Lebrument, et une jeune provinciale aussi belle que candide, mademoiselle Jeanne Cordier. Ces jeunes mariés, dont l’union est un véritable événement dans la ville, semblent très épris l’un de l’autre. Ils passent même les premiers jours de leur nouvelle vie conjugale seuls, au sein de leur foyer, à se découvrir, à s’apprivoiser et à faire plus intimement connaissance.
Derrière la porte close de leur nouvelle maison, leur complicité est grande, faite de petites attentions, de caresses et de mots doux. Quant à leur relation, elle semble emprunte d’une confiance aveugle et absolue l’un envers l’autre. Cependant, au bout d’une semaine, monsieur Lebrument propose à sa femme de faire un voyage à Paris afin de continuer encore un peu leur lune de miel mais aussi de finaliser, pour son bénéfice, l’achat d’une étude de notaire auprès d’un certain maître Papillon. Pour régler cette transaction, le mari compte utiliser la dot de sa femme, une somme de trois cent mille francs, donnée en billets de banque et en titres au porteur par le père de celle-ci. Confiante et ravie de partager cette aventure avec lui, la toute nouvelle madame Lebrument accepte avec un très grand enthousiasme. Le jour du départ, les beaux-parents accompagnent le jeune couple à la gare et, au moment de remettre la dot, le beau-père s’inquiète cependant du danger de transporter une telle somme en liquide dans un portefeuille. Mais Simon Lebrument apaise ces craintes, sûr de lui et habitué qu’il dit être, par son métier, à de tels agissements. Commence alors le voyage des deux époux vers Paris, une heure de train, dans un wagon qu’ils occupent avec deux vieilles dames dont la compagnie leur impose le silence mais aussi de la retenue pour elle et l’impossibilité de fumer le cigare pour lui.
Arrivés à la gare Saint-Lazare, le nouvel époux propose à sa femme, en prélude à leur journée et avant même de s’occuper de leur installation à l’hôtel avec leurs bagages, un déjeuner sur les grands boulevards parisiens. Celle-ci accepte et le mari décide de leur faire prendre un omnibus pour faire le trajet car celui est moins coûteux qu’un fiacre. Madame Lebrument accepte encore, un peu déroutée cependant par cette décision et prend place dans la voiture alors que son époux, prétextant un urgent besoin de fumer avant le déjeuner, monte sur l’impériale (c’est-à-dire au deuxième étage, sur le toit du véhicule).
Assise sur l’une des banquettes à l’intérieur de l’omnibus, la jeune Jeanne Lebrument se trouve alors plongée, seule et presque malgré elle, dans le tourbillon quotidien, concret et bruyant de la vie parisienne. En effet, au gré des arrêts de la voiture, c’est toute une multitude de personnages qui montent et qui descendent et défilent devant ses yeux. Elle les observe donc et décrit un large panel de travailleurs issus de la classe populaire (un garçon épicier, une ouvrière, une cuisinière, un croque-mort, une fille en cheveux…), un sergent d’infanterie, des religieuses et des gens ostensiblement plus aisés (un homme aux lunettes d’or portant un chapeau de soie à larges bords, deux femmes à l’attitude aussi aristocratique qu’hautaine…). Cependant, sa curiosité est assez rapidement tempérée par la dimension plus triviale et corporelle de cette expérience car elle est ballottée par la voiture, étourdie par le bruit des roues et soumise à des odeurs (de pipe, de chien, de vieilles jupes ou encore d’eau de vaisselle par exemple) qui parfois la surprennent mais plus souvent encore l’incommodent. Tout compte fait, ce défilé comique voire grotesque, finit par réellement lasser la jeune femme et par faire naître en elle un sentiment de tristesse face à l’absence de son mari, manifestement encore sur l’impériale. Toujours sans nouvelle de sa part, elle commence même à trouver que le trajet, qui pourtant devait durer environ cinq minutes en fiacre, s’éternise et la ronde des allées et venues commencent désormais à attiser en elle un sentiment de désespoir confus. Elle craint même un moment que son mari n’ait pu s’endormir, terrassé par la fatigue, et qu’ils n’aient donc raté le moment de descendre.
Finalement, l’omnibus se vide peu à peu, laissant Jeanne Lebrument seule dans la voiture alors que le conducteur crie l’arrivée à Vaugirard, le terminus de la ligne. Ne connaissant pas Paris et étant de plus légèrement désorientée par son voyage, la jeune femme ne comprend pas tout de suite ce qu’elle doit faire. Agacé et brusque, le conducteur lui explique alors qu’elle est obligée de descendre du véhicule, qu’elle est à présent assez loin du boulevard des Italiens mais aussi et surtout qu’elle est la dernière passagère. Affolée, elle demande alors où se trouve son mari, explique très rapidement sa situation mais ne reçoit en réponse que cruauté, cynisme et condescendance. En effet, pour le machiniste les choses sont très claires : l’homme, qu’il a vu descendre à la Madeleine avec un gros portefeuille et que Jeanne Lebrument décrit comme son mari, l’a purement et simplement abandonnée.
La jeune femme, désorientée et incapable de se rendre à la même évidence, éclate en sanglot sous les yeux du conducteur et de l’inspecteur du bureau, qui retournent vaquer à leurs occupations sans se soucier de l’aider. Elle se souvient alors qu’elle possède une seule connaissance à Paris, un cousin nommé Henry Barral qui est sous-chef de bureau au ministère de la Marine et décide de se rendre en fiacre chez lui grâce à deux francs trouvés au fond de sa poche.
Arrivée devant la maison, elle saute du fiacre et arrête son cousin alors qu’il partait pour son travail au ministère, un portefeuille sous le bras. Il est désemparé face à la détresse évidente de sa cousine et l’interroge, inquiet, sur les raisons de son trouble. Celle-ci lui explique alors que son mari, peu après leur arrivée à Paris, s’est perdu sur un omnibus et cela alors même qu’il transportait avec lui l’intégralité de sa dot afin de financer l’achat d’une étude notariale. Rapidement, l’homme en vient à la conclusion, déjà énoncée avec moins de tact par le conducteur de l’omnibus, que maître Simon Lebrument ne s’est pas perdu mais s’est enfui vers la Belgique en emportant l’argent. Toujours incapable dans un premier temps de comprendre ce qui lui est dit, Jeanne finit cependant par réaliser ce qui s’est vraiment passé et traite son mari de misérable avant de s’effondrer en pleurs dans les bras de son cousin. Celui, devant la curiosité que commence à susciter chez les passants le comportement dramatique de sa cousine, la porte doucement chez lui. Il demande aussi à sa bonne, Sophie, d’aller chercher rapidement, dans un restaurant, un repas pour deux personnes tout en précisant qu’il n’ira pas travailler ce jour-là.