Guy de Maupassant

Maupassant, La Rempailleuse, Résumé

À l’occasion d’une partie de chasse chez le Marquis et la Marquise de Bertrand, une vingtaine de personnes, huit jeunes femmes, un médecin et onze chasseurs, sont réunis pour un dîner. Les discussions finissent par porter sur la question de l’amour avec un grand A. Peut-on aimer à plusieurs reprises avec la même intensité, la même passion ou le grand amour ne peut-il être qu’unique?? La plupart des jeunes femmes présentes défendent la thèse romantique d’un amour unique, irremplaçable, qui ne peut être répété. Les hommes, s’appuyant sur leur expérience et sur des exemples connus, défendent l’idée que l’on peut aimer passionnément plusieurs fois. Le Marquis est le plus ardent défenseur de cette thèse, même s’il reconnaît que les échecs amoureux peuvent, sur le moment, mener au désespoir et parfois au suicide. C’est le vieux médecin, un Parisien retiré à la campagne, qui est chargé d’arbitrer cette joute oratoire et ce débat. Il se dit incapable de trancher cette discussion, mais leur raconte l’histoire, dont il a été le témoin direct, d’une passion unique, interrompue seulement par la mort et qui a duré plus d’un demi-siècle.

Son auditoire apprend bientôt, avec grande déception, qu’il s’est agi d’une passion très singulière entre deux êtres que tout opposait socialement, le pharmacien du village, monsieur Chouquet, un notable, et une jeune rempailleuse de chaises. Celle-ci, fille d’un rempailleur et d’une rempailleuse, deux êtres frustes, endurcis par la misère, vit avec ses parents dans une carriole de fortune, qui leur permet d’aller de village en village, selon un circuit qui les ramène une fois par an au même endroit. Le médecin raconte avoir assisté aux derniers moments de cette pauvre femme et avoir entendu de sa bouche le récit de son étrange existence.

Elle a donc vécu toute sa vie dans l’errance et la misère la plus sordide, dans l’inconfort, dans le manque d’hygiène et dans un environnement familial très dur. Chargée, à l’adolescence, d’annoncer le passage des rempailleurs dans les villages traversés et d’aller ensuite récupérer les sièges à réparer, elle parvient à grappiller ici et là quelque menue monnaie et à se constituer une maigre cagnotte. Elle a aussi l’occasion de faire quelques connaissances, mais rencontre le plus souvent des réactions de rejet très violentes, à coups de cailloux parfois, expression du mépris des villageois pour les nomades, les va-nu-pieds.

C’est dans ces conditions qu’elle croise un jour le chemin du petit Chouquet, le fils du pharmacien, un gamin de son âge, alors que celui-ci s’est fait voler par d’autres garnements du village les quelques sous qu’il possédait. Voyant la détresse du jeune garçon, elle lui offre toutes ses économies pour le consoler et ne peut s’empêcher de le serrer dans ses bras et de lui donner un baiser passionné, l’espace d’un instant. C’est de ce geste de générosité et de ce premier émoi amoureux que serait née la folle passion de cette jeune vagabonde pour le jeune fils de notable. L’année suivante, lors de leur passage dans le village, elle n’a pu que l’apercevoir furtivement dans la pharmacie de son père, vision furtive qui l’a renforcée dans son amour pour le jeune Chouquet et dans sa fascination pour ce monde bourgeois qui lui est totalement étranger. Elle a la chance, un an plus tard, de le retrouver près de l’école et ne peut s’empêcher de lui manifester avec fougue toute son affection. Surpris par ces embrassades et ces baisers, il prend peur, mais la vue de l’argent qu’elle lui offre de nouveau le calme, et il se laisse faire. Pendant quatre ans, la même scène d’embrassades passionnées se répète, le jeune Chouquet prenant un plaisir manifeste à recevoir son présent, parfois modeste les années où la jeune rempailleuse n’a pas eu de chance et n’a pas fait de bonnes affaires, parfois plus conséquent les autres années.

Survient ensuite l’époque où le jeune garçon est envoyé au Collège et où elle ne peut le voir, car les rempailleurs ont l’habitude de passer au village en pleine période scolaire. Ce n’est que la troisième année qu’elle parvient à convaincre ses parents de modifier leur itinéraire, si bien qu’elle peut revenir au village pendant la période des vacances. Mais c’est pour constater que le jeune Chouquet, qui a beaucoup grandi et qui arbore fièrement son nouvel uniforme de collégien, fait semblant de ne plus la reconnaître. Toujours follement amoureuse, la jeune rempailleuse éprouve un atroce chagrin et sombre dans le désespoir, sans pouvoir se détacher de cet amour d’enfance.

Après la mort de ses parents, elle poursuit sa vie d’itinérance et de misère, avec sa carriole et son cheval, accompagnée seulement de deux chiens agressifs pour se protéger. Elle continue de revenir au village chaque année jusqu’au jour où elle constate que le jeune pharmacien a repris l’affaire familiale et s’est marié. Elle tente alors de se suicider en se jetant dans une mare près du village, mais elle est sauvée par l’intervention d’un ivrogne de passage qui la fait transporter jusqu’à la pharmacie. Chouquet, réveillé dans la nuit, lui prodigue les soins nécessaires, comme à une étrangère qui lui est totalement inconnue, en la rabrouant, en lui reprochant la folie de son geste, mais sans lui faire payer quoi que ce soit pour cette intervention.

À partir de ce moment, satisfaite d’avoir de nouveau entendu sa voix et senti sa présence, elle va se contenter de repasser au village une fois par an, en faisant quelques emplettes à la pharmacie, ce qui lui procure la joie de pouvoir le côtoyer, lui parler quelques instants, et surtout de dépenser son argent chez lui. À sa mort, elle demande au médecin qui est venu lui porter assistance de remettre au pharmacien toutes ses économies, tout ce qu’elle a pu mettre de côté malgré sa vie miséreuse. Il s’agit d’une somme assez considérable de plus de 23?000 francs, cent fois le prix de son enterrement, dont s’est chargé le prêtre.

Pour répondre à cette demande instante, le médecin rend visite au pharmacien à l’heure du déjeuner et vient l’informer des dernières volontés de celle qui n’a cessé de l’aimer. Le médecin ne se doute pas qu’il va provoquer une réaction particulièrement brutale du pharmacien, qui rejette avec indignation l’idée qu’il ait pu être aimé ainsi, pendant autant d’années, par cette rempailleuse, par une femme d’aussi piètre condition que son épouse, encore plus révoltée par cette révélation, traite de tous les noms. Il va même jusqu’à regretter de ne pas l’avoir fait arrêter pour atteinte à son honneur, à sa réputation d’honnête bourgeois. Le médecin n’oublie pas de lui rappeler qu’il a pour mission aussi de lui remettre les économies de la défunte, mais ajoute qu’il serait sans doute possible et souhaitable, étant donné leur réaction de rejet, de confier cette somme à une organisation caritative. Les époux Chouquet, comprenant qu’ils ont à portée de main une somme d’argent considérable, changent d’avis et acceptent sans sourciller l’offre du médecin. Le lendemain, le pharmacien vient même demander au médecin ce qu’il va advenir de la voiture de la rempailleuse. Sans paraître gêné le moins du monde, il propose d’en faire une cabane de jardin, mais refuse catégoriquement de s’occuper du cheval et des chiens de la défunte.

L’histoire d’amour absolu, unilatéral et exclusif que vient de raconter le médecin semble faire une forte impression sur l’assistance, et en particulier émouvoir les jeunes femmes et la Marquise, qui y voient la confirmation de leur intime conviction : « Il n’y a que les femmes pour savoir aimer ».

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