Paul Claudel

Claudel, Le Partage de Midi, Résumé acte par acte

Le Partage de midi est l’une des pièces dramatiques les plus célèbres de Paul Claudel. La pièce, écrite en 1905, est constituée comme un huis clos, en trois actes et s’articule autour de quatre personnages. En 1948, une version modifiée parue le 16 décembre au théâtre Marigny, jouée par la compagnie Renaud-Barrault sous la direction de Simone Volterra. En 1949, l’auteur modifie la fin de la pièce. Paul Claudel décrit sa pièce comme semi-autobiographique. Elle serait l’ « histoire un peu arrangée de l’aventure amoureuse » dont il fut l’objet de 1900 à 1905. Les trois actes de la pièce peuvent être considérés comme une symbolique religieuse. En effet, la souffrance du jeune Mesa épris, d’une passion amoureuse destructrice, le reconduit paradoxalement à Dieu, après qu’une vocation monastique ratée l’en avait éloigné.

Acte I : Sur l’Océan Indien – sur le pont d’un paquebot

La pièce débute à midi, sous un soleil étouffant et aveuglant. De Ciz, noble ruiné, et son épouse, Ysé, discutent avec leurs compagnons de voyage Almaric et Mesa sur le pont avant d’un paquebot traversant l’océan Indien à destination de l’Extrême-Orient. Le couple marié et leurs deux enfants ont récemment embarqué à Aden, pour un aller sans retour prévu. De Ciz, comme Almaric, se rend en Chine à la recherche de nouvelles opportunités d’affaires. Almaric est l’aventurier du voyage. Quant à Mesa, il s’agit d’un ancien fonctionnaire qui veut retourner en Chine où il avait déjà connu le succès en tant que responsable des douanes influent. Très vite, Ysé flirte avec Mesa. Elle le taquine à propos de son fauteuil à bascule en or et lui soutire la promesse qu’elle pourrait l’utiliser quand elle le voudra. Alors que De Ciz et Ysé descendent chercher leurs bagages, Almaric suggère à Mesa qu’Ysé, la femme blonde de De Ciz, est intéressée par lui.
Bien que Mesa prétende qu’elle n’est pas à son goût, Almaric pense que l’intérêt d’Ysé pourrait très bien être réciproque. Alors que De Ciz et Ysé remontent sur le pont, De Ciz et Mesa sortent de la scène pour aller se promener. C’est alors qu’Ysé et Almaric évoquent de vieux souvenirs. En effet, ils étaient amoureux l’un de l’autre, il y a dix ans de cela. Ils se souviennent de leur liaison avec une nostalgie. Mais Almaric a vite compris que son heure n’était pas venue. Même si Ysé n’apprécie pas particulièrement la vie que lui offre son mari, elle insiste sur le fait qu’elle l’aime. Almaric s’en va seul pour fumer au moment où Mesa rentre de sa promenade. Il trouve Ysé seule, assise dans le fauteuil à bascule et lisant une histoire d’amour. Mesa dit, alors, à Ysé qu’il sait qu’elle est attirée par lui. Elle l’oblige à jurer qu’il ne l’aimera pas, suscitant ainsi son ardeur. Il se prend alors d’une passion soudaine et dévorante pour elle et lui confie son désarroi. En effet, il lui explique qu’il avait voulu se faire moine en Europe, mais que Dieu s’était fait absent. En plus d’avoir connu cet échec dans son expérience mystique, Mesa venait de tomber amoureux d’une femme mariée. Quand Almaric et De Ciz reviennent avec des boissons pour chacun, les quatre discutent de leurs différentes perspectives de réussite en Extrême-Orient. Dans la chaleur accablante de midi au milieu de l’océan, chacun apprécie sa boisson. La Chine est en approche, pour la plus grande joie de l’aventurier Almaric qui voit dans cette nouvelle contrée, le pays de tous les possibles.

Acte II : A Hong Kong – dans un cimetière chinois

Le deuxième acte débute quelques jours après le débarquement des personnages à Hong Kong. Mesa et Ysé ont organisé un rendez-vous dans un coin obscur d’un ancien cimetière chinois. Mesa arrive plus tôt, hésite puis part. Peu de temps après, Ysé et De Ciz arrivent. Ils discutent du dernier contrat de De Ciz, qui l’oblige à la quitter pour un moment. Malgré ses supplications pour qu’il l’emmène avec lui, De Ciz décide de partir sans elle. Mesa revient, incapable de s’éloigner du lieu de rendez-vous. Il retrouve Ysé seule, car son mari est parti tout près règle des affaires avec le mafieux chinois Ah Fat. Ysé lui raconte que De Ciz sera parti pendant un mois, mais qu’il ne devra pas venir la voir pendant ce temps.
Mesa la trouve irrésistible et ils succombent l’un à l’autre, alors même que le mari se trouve à proximité. Ysé fait jurer à Mesa devant une croix qu’il la désirera même en tant que femme mariée, même si elle lui est interdite. Elle lui dit également qu’il doit l’aider à se libérer de De Ciz, même si cela signifie lui donner la mort. Mesa rechigne à cela, au moment où De Ciz revient inopinément. Ysé reste calme et laisse les deux hommes discuter du projet de De Ciz d’entreprendre de sombres négociations à Manille. Mesa encourage De Ciz à occuper un poste de bureau à la douane, ce qui obligerait De Ciz à s’éloigner d’Ysé pendant plusieurs années. De Ciz, qui ne demande pas mieux que de partir, ne semble apparemment pas conscient du fait que Mesa le trompe et il accepte sa proposition. L’acte se termine sur une sorte de mention blasphématoire aux Évangiles de Matthieu, chapitre 15 verset 28, qui confirmera Mesa dans le rôle du faux ami et du traître. Cette mention est le pendant des termes proférés par Ysé, termes du reniement de Saint Pierre (Évangiles de Matthieu, chapitre 26 verset 72). Dans cet acte, la passion des amants est survoltée. Elle est pourtant entièrement soumise à l’attraction pour le mal et pour la mort. C’est l’acte où se mêle l’érotisme et le macabre, avec la concrétisation du duo romantique d’Ysé et Mesa et la conspiration de la mort de De Ciz.

Acte III : A Hong Kong – dans une maison assiégée par l’insurrection

Le troisième acte est le dénouement de la pièce, une sorte de passage à l’action. Quelque temps plus tard, Ysé et Almaric se cachent dans un temple de Confucius en ruine dans un port chinois où une rébellion sanglante fait rage. Almaric est redevenu l’amant d’Ysé. La scène débute le soir, la nuit va bientôt tomber. Ysé a quitté Mesa pour le sauver. En effet, ils ont convenu de se quitter pour qu’on ne puisse pas faire le lien entre leur couple et sa grossesse adultère. Au moment de l’insurrection, elle ne sait pas où se trouve sa famille, ni De Ciz, ni leurs enfants. Elle et Almaric ont avec eux l’enfant qu’elle a eu avec Mesa, un enfant malade qui meurt peu de temps après. Almaric met en place une bombe à retardement. Ce dernier préfère mourir par lui-même que de tomber dans les mains de l’insurrection qui massacre les Européens restés sur place. Lui et Ysé ont un entretien philosophique sur le fait qu’ils ne survivront pas la nuit prochaine. Ysé fait le point sur sa liaison passée. Une liaison mortifère, mais flamboyante. Almaric quitte Ysé pour faire le tour de sa cachette et mettre les dernières mises au point des explosifs. Pendant ce temps, Mesa se présente à la porte. On ne sait pas d’où il vient. Ysé ne trouve rien à lui répondre quand il lui fait des reproches, puis atteste qu’il l’aime toujours et que, puisque De Ciz est mort, ils peuvent maintenant se marier.
La tension est palpable et la scène est perçue comme interminable quand Almaric revient. Mesa lui annonce qu’il vient chercher Ysé et leur enfant. Almaric lui rit au visage. Ysé est priée de choisir entre ses deux amants. C’est finalement Almaric qu’elle choisit. La trahison d’Ysé est totale.
Mesa sort un revolver et, dans la lutte qui s’ensuit, il est assommé et son épaule se déboîte. Almaric trouve sur Mesa un sauf-conduit en fouillant dans les poches du blessé. Ravi de pouvoir échapper à la mort, Almaric s’en va avec Ysé. C’est à ce moment, qu’Ysé souhaitant aller récupérer son enfant, s’aperçoit que celui-ci est décédé. Mesa reprend alors conscience.
Il est seul dans la maison qui est minée. Il parle alors à Dieu dans un monologue sublime empreint de familiarité. C’est l’occasion pour lui de s’interroger sur sa vie, sur sa relation passionnelle avec Ysé, de faire le point sur sa conduite, de confesser ses péchés et d’implorer le Tout-Puissant de lui accorder la mort. Ysé, qui manque accidentellement le bateau qui aurait signifié son salut, revient pour réconforter Mesa, blessé. Sachant qu’ils vont bientôt mourir ensemble, elle lui présente ses excuses pour la douleur qu’elle lui a causée, mais elle déclare que rien de tout cela n’est de sa faute.

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