Raymond Queneau

Queneau, Le Chiendent, Résumé

I) Fiche technique de l’œuvre

a) Genre : Roman (fiction littéraire)
b) Thèmes : le travail salarié, les affrontements sociaux…
c) Parution : 11 octobre 1993 aux éditions Gallimard
d) Centre d’intérêt : Paris-France (1993)
e) Découpage : sept chapitres chacun composé de treize sections

II) Notes sur l’auteur

Raymond QUENEAU (1903-1976) a fait ses études au lycée du Havre, puis à la Faculté des Lettres de Paris. Il s’intéresse particulièrement aux écrivains les « fous littéraires » du siècle précédent. Il compile les œuvres, avant de s’engager dans l’écriture. Adhérent au mouvement surréaliste, Raymond Queneau se détache de celui-ci en 1929 et trace son propre chemin littéraire. Il subit l’influence du groupe surréaliste après de nombreuses fréquentations. En 1938, Raymond QUENEAU entre aux Éditions Gallimard, où il est lecteur, traducteur de l’anglais, puis membre du comité de lecture. Ce dernier devient un écrivain majeur du XXe siècle. Le 11 octobre 1933 aux éditions Gallimard, Raymond Queneau publie Le Chiendent est un roman. Cet ouvrage l’amène à recevoir le tout premier Prix des Deux Magots la même année. C’est le premier roman (1933) de cet écrivain français. À partir de 1991, on enregistre une partie importante des manuscrits de Raymond Queneau. Ces manuscrits sont aujourd’hui conservés par la Bibliothèque municipale du Havre. Il s’agit entre autres des œuvres romanesques et poétiques, des peintures de l’auteur, des correspondances… Raymond Queneau connaît son plus grand succès avec « Zazie dans le métro », publié en 1959, adapté au cinéma par Louis Malle un an plus tard. Aux côtés de François le Lyonnais, cet écrivain est le fondateur de l’OuLiPo et se passionne pour la dimension formaliste et ludique de la langue.

III) Résumé de l’œuvre

Raymond Queneau, en tant qu’auteur, est davantage orienté vers l’écriture littéraire engagée. Dès lors, l’essentiel de sa pensée s’articule autour la vie humaine. Selon lui, le bonheur de l’être-humain est illusoire. Ce n’est qu’une vue de l’esprit. Il nie cette réalité en se référant aux aventures d’un brocanteur et d’une femme, qui accède par la suite à l’état de reine.

Le personnage principal, Etienne, est marié à une belle femme, de loin son aîné, Alberte. Elle a un fils, Théo, fruit d’une précédente relation avec un homme. De retour du travail, ce personnage se fait remarquer par Pierre Le Grand, un homme oisif, qui se tient constamment sur la terrasse d’un café pour regarder les gens passer dans la rue. Toutefois, Pierre constate qu’Etienne n’était qu’une silhouette dont la consistance est de plus en plus forte. Il prend alors la décision de se mettre à ses trousses, question de voir ce que signifie cette transformation.

Les quiproquos sont inévitables et prennent une véritable constance lorsque Pierre et Etienne, qui finissent par se rencontrer, orientent leurs intérêts vers une porte, objet de la propriété d’un vieux clochard de Blagny, dont il n’est pas prêt de se détacher. Mme Cloche, une parenté de l’homme qui possède la friterie, tire la conclusion qu’il s’agit de vulgaires bandits. Elle réussit à convaincre Ernestine, la femme de ménage de son frère, de convoler en justes noces avec le père Taupe, dit le clochard. Mais elle finit par être assassinée par son mari, qui a pris connaissance de la manipulation. Il voulait lui éviter d’apprendre la vérité. Avec la fin de la chasse aux trésors, les personnages arrêtent de se rencontrer trop souvent et Etienne se dépouille de sa consistance, qui l’avait mené vers des réflexions métaphysiques.

Narcense, qui refuse d’admettre son sort, passe quelques temps avec Alberte à Paris, avant d’être exécuté pour avoir déserté l’armée. Théo, qui vit seul avec un nain, a aménagé chez Marcel, avant de créer une maison close. La reine des Étrusques invite les personnages à une fête. Ils en profitent pour évoquer le temps écoulé avec nostalgie. Mme Cloche estime qu’elle a eu tort de s’être embarquée dans cette histoire de porte. Décidant de suivre le conseil de Saturnin, ils décident de faire marche arrière, de remonter le temps et de se situer exactement au point où ils en étaient au début de leur histoire.

Un jour, Etienne Marcel se rend dans une friterie, où il fait la connaissance de Dominique, le responsable des lieux, et sa sœur, Mme Cloche, qui admet qu’il été victime d’une situation malencontreuse. Lors d’un de ses déplacements, Narcense fait la connaissance d’un nain, qui dit être un parasite, se nourrissant des craintes et lâchetés des gens. Par la suite, il se pend dans la forêt d’Obonne, mais ne meurt pas. Il est découvert par Étienne et Saturnin. Pendant ce temps, Théo se replie chez une voisine et le père Taupe se confie au fritier Dominique.

Étienne fait face à l’ennui, car il vit dans un monde dans lequel il est tout seul. Dans cette solitude, il s’interroge sur le sens du réel et la consistance de la vie. Par la suite, il sombre dans un scepticisme qui l’amène à perdre le sens des réalités. En ce qui concerne le père Taupe, il finit par rendre l’âme en fin novembre, après avoir confessé à Mme Cloche que la porte était pour lui un trésor inépuisable. La suite des événements n’est pas gaie, car une guerre sanglante éclate entre le France et les Étrusques, vers la fin du mois de novembre. Étienne, mobilisé, s’engage dans cet affrontement. Alberte, quant à elle, quitte la ville et se lie à Narcense. En ce qui le concerne, Saturnin est promu au grade de capitaine.

IV) Note synthétique de l’œuvre

Le Réalisme a marqué les écrits du XIXe siècle. Il cherche à dépeindre la réalité telle qu’elle est, choisissant ses sujets dans les classes populaires et abordant des thèmes comme le travail salarié, les relations conjugales ou les affrontements sociaux. Mais c’est aussi un mouvement littéraire qui ne fait pas l’unanimité sur sa pertinence. La rigueur de la composition du roman de Queneau peut concerner aussi la nature narrative des différentes sections qui composent les chapitres.

Le registre de langue utilisé : le langage employé par l’auteur est « mixte », c’est-à-dire tantôt le français est familier, relâché ou populaire, celui qui est réellement parlé, tantôt il est soutenu, standard. Il emploie le registre familier à travers des expressions comme « chouettes », « bathouze », « croupion » et « gosse »… C’est le registre le plus employé dans le roman. ». Ce registre de langue évoqué par l’auteur met en scène le milieu social de l’héroïne, qui est très populaire. L’écrivain, à travers ce langage familier et un vocabulaire riche, met en avant la banalité et même la vulgarité de ce milieu très populaire, commun, de bas quartier « couillon ». Ce langage illustre sans doute les marques d’oralité. Il expose l’héroïne et son cadre sociale, puis son manque d´éducation. L’exemple de marque d’oralité employée est « douas » ou « Alle ».

L’énonciation de Raymond Queneau ne respecte pas les codes du narrateur. En effet, il prend la place du personnage avec l’emploi d’un discours indirect et libre. Pourtant, comme écrivain, le narrateur emploie normalement un langage soutenu et non familier-argotique. Quant à la structure des phrases, l’auteur emploie des phrases averbales et incorrectes. Il fait davantage recourt à l’utilisation rhétorique. Et complémentairement, l’emploi du dialogue, du monologue et des apostrophes est récurrent.

Le cadre spatio-temporel : Raymond Queneau, à travers son roman, met en scène la réalité d’un monde trivial, un milieu urbain illustré par l’énonciation à travers le langage employé. Raymond Queneau place son héroïne dans un contexte urbain illustré par l’emploi de « le taxi » et « café ». L’auteur met en scène le rêve d’une petite ouvrière parisienne, tout en exposant la trivialité de son monde.

Partant du courant littéraire dans lequel s’inscrit Raymond Queneau à travers le registre de langue employé, la structure des phrases et du livre et le cadre spatio-temporel se présentent dans un style particulier. Des principes nouveaux, tant sur le plan du style oralisé que sur celui des structures, apparaissent. C’est un roman dont les surréalistes condamnaient le genre. En mêlant le registre familier et le style soutenu, Raymond a sans doute voulu promouvoir un « néo-français », autrement dit, un français qui respecterait la réalité linguistique, la vie de la langue, la langue orale. Le néo-français impliquerait donc une triple révolution du point de vue lexical, syntaxique, orthographique, orthographe et phonétique. Cette démanche a valu des explications à Raymond Queneau. Ainsi dit, le Chiendent de Raymond Queneau apparaît comme une affirmation de l’art littéraire.

Au total, l’originalité du roman Le Chiendent vient du style d’écriture très personnelle de Raymond Queneau. L’auteur associe à son chef-d’œuvre une structure particulière de lettres et chiffres, qui font de son roman une œuvre particulière. Ayant rompu avec les artisans du surréalisme, Raymond Queneau inaugure une autre façon de penser son roman. Il met en symbiose, dans une méthodologie très particulière, un ensemble d’éléments linguistiques et syntaxiques, pour mettre à nu les réalités d’un monde trivial. À travers des thématiques précises, il expose les affrontements sociaux.

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