Rousseau, Les Confessions, Livre 1, Résumé
Dans Les Confessions, au début de son récit, Jean-Jacques ROUSSEAU relate ses premières années d’enfance et d’adolescence. Durant cette période, environ seize années de la vie de l’auteur, l’histoire se déroule dans la ville de Genève et ses environs, entre 1712 et 1728.
Dans le livre premier, l’histoire commence et se termine dans cette ville. Durant son enfance, Rousseau évolue dans une ambiance d’idylle familiale. Malheureusement, son innocence sera ternie et il perdra définitivement ce bonheur vécu auprès de sa famille.
Dans ses mémoires, avant de narrer ce qu’est sa propre existence, il évoque des événements se rapportant à ses parents, des circonstances antérieures à sa naissance : la rencontre de ses parents, leurs amours quasi impossibles en raison de la différence de leurs conditions sociales, ainsi que les péripéties romanesques aboutissant finalement au mariage.
Isaac Rousseau, son père, d’origine modeste, est un artisan horloger reconnu pour son habileté. Appelé plus tard pour Constantinople, il y poursuivra son métier et deviendra l’horloger du sérail. Quant à Suzanne Bernard, sa mère, riche, belle, intelligente, vertueuse, talentueuse et cultivée, elle est fille de ministre et appartient de fait à la bourgeoisie genevoise. De telles conditions diamétralement opposées ne prédestinent pas ces deux âmes à s’accorder. Cependant, l’habitude acquise dès leur plus jeune âge les pousse peu à peu à affermir la réciprocité de leurs sentiments. Bien que nés précocement, leurs amours perdurent, résistent à l’éloignement et aux tentations et marqueront longtemps le mari éploré bien au-delà du décès de son épouse bien-aimée. Même son deuxième mariage n’arrivera pas à estomper entièrement les moments de bonheur vécus auprès de Suzanne, sa première femme.
C’est en mettant Jean-Jacques au monde que sa mère a perdu la vie. Presque mourant à sa naissance, l’enfant est né infirme et malade. Malgré ces grands malheurs qui frappent le foyer, l’enfant sera aimé et choyé. Il grandit entouré de douceur par sa tante, sa mie, son père, des voisins et des amis. Aux côtés de son père, il découvre soir après soir, le goût pour la lecture, surtout celle des romans écrits par sa défunte mère. Jean-Jacques est alors âgé de six ans. Ce qui au départ ne doit être qu’un simple apprentissage, devient au fil de ces lectures, une véritable passion, mais aussi un refuge dans l’imaginaire. Ayant épuisé la bibliothèque de sa mère, il s’attaque à celle de son grand-père maternel plus fournie, et fait de Plutarque sa lecture de prédilection.
Par la suite, auprès de sa tante Suson, il fait la découverte d’un autre univers, celui de la musique. Les chants et les petits airs qu’elle psalmodie restent longtemps gravés dans la mémoire de Jean-Jacques. Enfant de nature bon et sensible, cet environnement idyllique et empli de sérénité va lui permettre d’acquérir et de développer des qualités insoupçonnées.
Mais un événement survenu en 1772 va littéralement bouleverser cette existence heureuse et insouciante menée par le jeune Jean-Jacques. Isaac Rousseau, son père, est contraint de quitter Genève et s’expatrie le restant de sa vie pour éviter la prison. Accusé à tort à la suite d’une querelle, il choisit de partir, et c’est ainsi que Jean-Jacques se retrouve sous la tutelle de son oncle Bernard. Jean-Jacques et son cousin, du même âge que lui, sont envoyés ensemble en pension chez les Lambercier, dans un village sis aux alentours de Genève et connu sous le nom de Bossey.
L’éducation des deux garçons est confiée au pasteur Lambercier. Ils y apprennent parmi d’autres disciplines, le latin. L’enfant apprécie la simplicité de cette nouvelle vie champêtre et découvre par la même occasion le goût d’une sincère et profonde amitié, celle de son cousin Bernard. Il coule deux années paisibles et heureuses dans le paradis de Bossey, au sein de son entourage.
Son éducateur et Mlle Lambercier, la sœur de ce dernier sont considérés comme des parents de substitution par le jeune Rousseau. Dans les premiers temps, il va apprendre à entretenir avec eux une communication libre. Mais cette existence paradisiaque est vouée à la dégradation.
Deux événements majeurs vont à nouveau marquer irrémédiablement Jean-Jacques. D’abord, la découverte de l’érotisme, qui le comble de volupté lors d’une fessée que Mlle Lambercier lui administre. Longtemps il va baigner dans cette euphorie érotique. Ce premier incident reflétant la perversion sexuelle va déterminer l’orientation masochiste de la vie sexuelle de Rousseau. Par la suite, il est victime d’une injustice, accusé d’avoir cassé un des peignes de Mlle Lambercier, mis à sécher dans la chambre où il étudie seul sa leçon, il va pourtant clamer son innocence jusqu’à la fin. Lors de ce deuxième incident, il va comprendre l’aspect cruel de la contradiction entre de qui est véritablement et les apparences, et qu’il n’est pas toujours possible de communiquer le vrai. Malgré la souffrance infligée au cœur du jeune garçon par cette injustice, et par la perte de la sérénité vécue dans le paradis de Bossey, il va y demeurer encore quelques mois avant de retourner à Genève.
De retour chez son oncle, en 1724, où il va rester pendant deux ou trois ans, son avenir va se décider entre l’apprentissage de trois métiers potentiels : horloger, procureur ou ministre. Cependant, dans l’attente, toujours en compagnie de son ami et cousin Bernard, il va reprendre les jeux et revivre leurs premiers amours. Pour le préparer à gagner sa vie, il est placé dans un premier temps chez M. Masseron, greffier de la ville. Rebuté par le métier, et le trouvant ennuyeux et insupportable, Jean-Jacques n’y fait pas long feu. Méprisé par le maître, il est prestement mis à la porte. Il poursuit son apprentissage de métier chez un maître-graveur du nom de Ducommun. Mais la violence de son jeune maître annihile tout ce qui reste de bon en lui, toute l’éducation et la sensibilité de son enfance. Si le métier en lui-même réveillant ses goûts pour le dessin l’amuse, la brutalité de M. Ducommun a raison de son amour pour le métier de graveur. A force d’essuyer des mauvais traitements, il devient insensible et s’adonne à de menus larcins comme le vol d’asperges et de pommes, et le mensonge lui devient si naturel. Ce vice du vol se poursuivra toutefois jusqu’à l’âge adulte, attribué par son auteur au mépris de l’argent au détriment du gain.
L’enfant retrouve malgré lui une solitude qu’il trompe par la lecture et l’imagination. C’est dans cet état d’esprit vagabond que l’adolescent décide de façon aussi brutale qu’imprévisible de quitter sa ville natale et de partir à l’aventure. Une décision d’autant plus favorisée par une succession de faits point prémédités. Prenant l’habitude de sortir avec des camarades le dimanche après le prêche, Jean-Jacques est par deux fois enfermé en dehors de la ville. Durement réprimandé, il se jure de ne plus y être pris, mais une troisième fois de trop les portes de la ville se sont refermées avant même qu’il ne les atteigne par le capitaine Minutoli, de garde ce jour-là. Malgré la course folle et les cris lancés pour attirer l’attention des gardes, au retentissement de la retraite, il est à nouveau enfermé en dehors de la ville. Sa décision est vite prise : à seize ans, il s’en va tout simplement là où le vent l’emporte.