Tournier, Vendredi ou les Limbes du Pacifiques, Résumé
Septembre 1759. Robinson Crusoé embarque sur La Virginie. Il espère faire fortune dans le Nouveau Monde. Un jour, le capitaine du navire lui tire les cartes prédisant de bien étranges événements. Soudain le navire heurte un obstacle et s’abime dans les flots.
Robinson se réveille sur une plage. Seul le chien Tenn et lui ont survécu au naufrage. Aussitôt il élabore des stratégies pour quitter l’île, en vain.
La solitude le pousse aux limites de la démence jusqu’au jour où il décide d’accepter son sort et d’organiser son existence sur l’île :
Dans un journal, il confie ses pensées et les étapes de sa nouvelle vie. L’écriture est ce qui le lie à la civilisation. A l’instar du calendrier occidental, il s’impose le jeun le vendredi et le repos le dimanche.
Il explore l’île et nomme les lieux. Il s’approprie le monde.
Il cultive la terre et élève des animaux. La frugalité de son existence et la satisfaction de l’effort exacerbent sa foi chrétienne.
Enfin, bien qu’il soit seul sur l’île, il édicte des lois, des règles de vie.
En quelques semaines, Robinson rejoue la marche de l’humanité, du dénuement à la civilisation.
Un jour il aperçoit une tribu indienne procéder à un rituel sacrificiel. Alarmé, Robinson déclare l’île fortifiée et se nomme Gouverneur.
Mais la solitude ne tarde pas à troubler Robinson qui perd peu à peu le bon usage de la langue et doute de son identité.
Bientôt l’île de la désolation finit par être aimée. Speranza, l’île ainsi nommée, est sa nourricière, sa maitresse, son amour : un jour, Robinson se glisse dans une grotte où il reste couché en position fœtale. Mais cette relation filiale à la terre n’est pas sans lui évoquer l’inceste. Horrifié, il quitte ce sanctuaire maternel.
Plus tard, il libère sa tension sexuelle sur un arbre. L’idylle avec l’arbre s’interrompt lorsqu’il est piqué au sexe par un insecte. Alors il choisit de s’unir à la terre, son sexe creusant le sol. Il s’imagine volontiers être le géniteur des fleurs et des mandragores qui poussent sur la colline.
Les indiens reviennent. Un nouveau sacrifice est célébré. Mais la victime, un jeune homme, réussit à s’échapper. Il est sauvé par Robinson qui disperse les sauvages d’un coup de pistolet.
Crusoé décide d’éduquer le jeune sauvage, de lui apprendre les règles de la civilisation. L’indien, baptisé Vendredi en l’honneur du jour de leur rencontre, se plie volontiers au rôle d’esclave docile. Toutefois son éducation reste superficielle : on ne peut chasser totalement le naturel d’un individu. Vendredi continue de surprendre Robinson par ses mœurs singulières, ses contradictions et ses absurdités. Pis, il détruit peu à peu les marques de civilisation que Robinson s’est efforcé à restituer. Un jour Robinson surprend le jeune indien fumant une pipe. Ce dernier, dans un mouvement de panique, jette la pipe dans un baril de poudre. L’explosion détruit tout ce que Crusoé avait bâti. Le chien est tué, les chèvres prennent la fuite, la civilisation est anéantie.
C’est désormais au tour de Vendredi d’initier Robinson à la vie sauvage, une vie primale.
Les deux hommes ne vivent plus par le pouvoir et la soumission mais cohabitent comme des frères naturels.
Un jour, un navire parait. Des marins anglais débarquent sur l’île. Robinson raconte les circonstances de son naufrage il y à 28 ans de cela. Devenu étranger aux mœurs occidentales, à l’avidité, il renonce à quitter son île.
Le lendemain, Robinson s’aperçoit de la disparition de Vendredi. Dépité par la solitude, le vieillard songe au suicide quand un enfant parait. Le jeune mousse Whitebird, maltraité par l’équipage, a préféré rester avec Robinson.
Le vieillard, satisfait, initiera à son tour le jeune enfant à la vie sauvage.
Le garçon est baptisé Jeudi, jour du repos des enfants.