Voltaire

Voltaire, Jeannot et Collin, Résumé

Dans leur jeunesse, Jeannot et Collin étaient connus dans la ville d’Issoire, en Auvergne, comme les meilleurs amis du monde. Bien qu’issus de différents milieux, le père de Jeannot était un riche marchand de mulets, tandis que celui de Collin était un brave agriculteur les deux compères s’aimaient beaucoup et étaient inséparables.

Alors que leurs études se terminaient, Jeannot reçut de son père un nouvel habit de fort bon goût accompagné d’une lettre dans laquelle il recevait le titre de Monsieur le Marquis de La Jeannotière. Ce présent mit Jeannot bien à l’aise et il prit un air de supériorité envers son ami Collin. Plus tard, il reçut l’ordre de son père d’arrêter ses études et de monter à Paris, ce qui lui donna un air condescendant qui fit mal à Collin.

L’histoire de l’ascension de M. de La Jeannotière

Comment notre brave Jeannot est arrivé à son statut d’homme du monde ? La richesse et la noblesse du père de Jeannot était un concours de circonstances. Etant monté à Paris pour un procès, il rencontra un riche entrepreneur qui le prit sous son aile. A fréquenter l’entrepreneur, ses affaires fructifièrent tant et si bien qu’il changea d’activité, acquit d’immenses richesses en peu de temps, et put acheter le titre de marquis. Les lettres de noblesse en poche, Monsieur de La Jeannotière fit venir son fils à Paris pour l’initier aux mondanités.

Colin, point jaloux, écrivit une lettre à son ami pour le congratuler. La lettre ne reçut aucune réponse du jeune marquis.

L’éducation d’un jeune noble

Le Marquis de La Jeannotière crut bon confier le jeune marquis à un gouverneur qui devait se charger de son éducation. Il faut dire que les parents couvaient de nombreux projets pour donner à leur fils le meilleur enseignement qui soit. Monsieur voulut d’abord enseigner le latin et consulta un célèbre écrivain qui l’en dissuada : point n’est besoin de parler une langue étrangère, puisqu’on s’exprime beaucoup mieux dans sa langue maternelle. La géographie n’eut pas beaucoup plus de succès, le gouverneur déclarant que le marquis retrouverait toujours ses terres et saurait toujours voyager sans danger de l’Auvergne jusqu’à Paris. Toutes les sciences y passèrent : on n’avait pas besoin de calculer une éclipse qui est déjà mentionnée dans l’almanach, l’histoire passée était inutile et d’ailleurs ce n’était que des fables. Pour ce qui était des arts, le jeune seigneur ne devait pas les pratiquer, mais plutôt de les encourager pour les faire fleurir.

Finalement, la décision fut prise. Le marquis ne devait pas se saturer le cerveau avec de vaines connaissances. Il y avait quand même le blason qui pouvait également faire briller son détenteur dans la haute société, mais le gouverneur le découragea : le blason était si commun que tout le monde pouvait l’acquérir, ça ne ferait pas rayonner notre héros. On lui apprit donc la danse, il apprit à chanter des vaudevilles. Il composa des chansons, et moyennant une rétribution, faisait corriger les erreurs de vers. On exigea de lui qu’il plaise à tout le beau monde, tâche dont il s’acquitta à merveille en parlant avec éloquence sans s’entendre. Il connut un énorme succès auprès des femmes et son nom et ses œuvres apparurent dans des journaux littéraires. Son père caressa le désir de lui acheter une charge pour le faire entrer dans les ordres, tandis que sa mère sollicita pour lui un régiment.

Pour couronner le tout, une jeune veuve entra dans les bonnes grâces des époux de La Jeannotière, séduit le jeune marquis, et leur mariage fut annoncé avec pompe.

La décadence

Hélas, la fortune peut vous lâcher aussi vite qu’elle vous a attrapé. Alors qu’il goûtait aux joies de l’amour, on annonça au jeune marquis la ruine de son père qui fut emprisonné. Toutes leurs richesses s’étaient envolées ou emportées par les domestiques. Le malheureux marquis avait accumulé des dettes auprès des créanciers, et les huissiers s’empressaient de le soulager de ses dernières affaires.

Ayant confiance en la bonté de sa promise, c’est d’abord vers elle qu’il se tourna pour demander de l’aide. Cette dernière proposa d’engager la mère du marquis comme femme de chambre, tandis que son amant proposa à Jeannot de l’enrôler dans son régiment. Quant au gouverneur qui ne lui avait d’ailleurs rien appris, lui proposa d’embrasser la carrière de gouverneur d’enfants. Hélas, ne sachant rien faire, il ne put se résigner à accepter l’offre. En cherchant secours chez le confesseur de sa mère, il rencontra de l’indifférence et de la froideur, et connut le même résultat chez la plupart de ceux qui se disaient ses amis.

Les retrouvailles

C’est l’esprit tourmenté par les pensées morbides que le jeune seigneur ruiné voit venir un équipage bizarre : un tombereau couvert suivi de quatre charrettes chargées. Les occupants de la chaise roulante n’étaient que son ami Collin et sa gentille femme brune. L’allure de la chaise roulante n’étant pas si rapide que ça, Collin eut le temps de reconnaître son ami d’autrefois, sauta de l’attelage et l’étreignit. Jeannot se rappela avec honte qu’il l’avait autrefois abandonné, mais ne put s’empêcher de lui raconter son histoire.

Les deux amis se dirigèrent à pied vers l’hôtel où étaient descendus Collin et son épouse. Collin lui, était devenu un négociant à la tête d’une manufacture et était resté travailler au pays. Ayant appris les malheurs de son ami, il proposa à Jeannot de l’aider et de travailler avec lui. Il fit beaucoup également pour ses parents qu’il ramena au pays où ils purent reprendre leur ancienne activité. Jeannot se maria à la sœur de Collin et avec ses parents comprit que la vanité ne pouvait offrir de bonheur.

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